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miss scarlett
11 mai 2009

critique de katarina

CRITIQUE KATARINA

Après avoir vu la critique dans le topic sur Gilda, je me suis dit que je pouvais peut-être mettre la mienne ici pour Gone with the wind :lol!:


1939… Gone with the wind… Le film de tous les superlatifs ! Le film le plus long, le plus coûteux, le plus « Oscarisé », le plus spectaculaire – dans tous les sens du terme – jamais réalisé. Premier grand film en technicolor, il réunit les meilleurs moyens techniques de son époque pour servir des décors fastueux et des costumes qui le sont tout autant.

En tant qu’adaptation audacieuse d’un best seller légendaire, le producteur David O. Selznick voulait en faire le plus grand film de tous les temps. Il avait acquis très tôt les droits d’auteur du roman de Margaret Mitchell parce qu’il y voyait quelque chose à la fois biblique, mystique, universel, romantique, tragique, passionnel… De quoi plaire au grand public à condition d’y mettre les moyens. Il y a mis à peu près quatre millions de dollars.
Artistiquement il a réussi son pari mais sa victoire, en tant que producteur, réside surtout au niveau du box office. Aujourd’hui encore, Gone with the wind est le film le plus populaire de l’histoire du cinéma.

Certains n’hésitent pas à qualifier Gone with the wind de grosse production hollywoodienne, sans attrait, sans intérêt comme il en existe beaucoup. Pourtant, des films aussi longs mêlant avec autant de justesse épopée amoureuse et grande page de l’Histoire, il n’en existe que peu à mon sens.
Le contexte ressort bien sans être « étouffant ». L’intrigue amoureuse est, elle, compliquée mais tellement captivante. Amour impossible, grande passion inéluctable placée sous le signe de la tempête, les personnages évoluent en même temps qu’évoluent leurs relations. Scarlett passe de la petite fille gâtée et odieuse à la femme qui a mûrie, qui s’est durcie pour lutter contre les coups du sort, contre ce que le vent lui porte, une femme qui se bat pour survivre. Enfin vient la femme qui comprend qu’elle s’est attachée à un rêve en aimant Ashley. Rhett passe lui du cynique désinvolte, à l’homme qui prend conscience de son devoir en s’enrôlant dans l’armée, au père attentionné et touchant qui comprendra pour finir que Scarlett n’est pas faite pour lui. Même des personnages secondaires comme Mammy change considérablement dans leur manière de penser. Les caractères de tous les personnages se forgent sous les effets de la torture des émotions.

Le scénario est fin, crédible, logique, riche, bien articulé. Tout s’enchaîne parfaitement, clairement et naturellement. Le film pourrait être divisé en quatre grands chapitres ; chaque chapitre ayant sa couleur dominante (d’où la grande importance du technicolor)
La première couleur est le vert. Il symbolise l’insouciance, l’adolescence, la joie de vivre de Scarlett. Le vert, c’est l’éden, c’est Tara, c’est une sorte de cocon familial où Scarlett est en vedette.
Le rouge succède au vert au deuxième chapitre. Ce rouge flamboyant symbolise lui le vice, le temps des passions. C’est Atlanta, une sorte d’apocalypse ; c’est la guerre, le sang mais aussi l’amour avec le premier baiser de Rhett et Scarlett.
Troisième couleur : le marron et un ensemble de couleur ternes. Tout est gris, beige. A chaque fois que le rouge ou le vert apparaît (comme, par exemple, quand Scarlett va rendre visite à Rhett en prison), c’est pour montrer le désir de faire revivre une époque révolue mais tout est mort et désolé.
Enfin, dernier chapitre, dernières couleurs : le noir et le blanc, le violet et le pourpre, le bleu également. C’est donc un ensemble de couleurs que l’on n’avait encore jamais vu jusqu’alors et qui symbolise une sorte de renaissance, un mélange entre le Nord et le Sud, entre la maturité et l’immaturité. Ce dernier chapitre, c’est l’opulence et l’omission des valeurs morales sauf à la toute fin du film avec le décès de Mélanie suivi du départ de Rhett.

Une autre spécificité du scénario est une tendance à jalonner le film de scènes qui se font écho.
La première scène de coucher de soleil sur Tara avec Gerard O’Hara et Scarlett devant un arbre très riche en feuillages, Tara qui respire la richesse fait écho à la scène où Scarlett se retrouve seule et reprend l’héritage dévasté.
Deuxième exemple de scène en écho : la présence du brouillard dans trois scènes. La première scène ; Ashley quitte Scarlett pour retourner à la guerre, il part dans le brouillard. Le choix du brouillard n’est pas anodin car quand Scarlett fait un cauchemar pendant son voyage de noces avec Rhett, elle court après un homme qui s’enfuit dans le brouillard. A posteriori, on se dit c’est Ashley qu’elle poursuit puisqu’il est parti dans le brouillard mais pas du tout. Ce cauchemar, c’est en fait la fin du film quand Rhett quitte Scarlett et qu’il disparaît dans le brouillard.

Enfin, le scénario repose sur des dialogues dynamiques. Les joutes verbales entre Scarlett et Rhett sont incisives et bien menées. Jusqu’à la fin, ils perpétuent cette confrontation : elle, en se promettant de le récupérer ; lui, en restant humble mais acide lors de sa dernière réplique : « Frankly, my dear, I don’t give a damn ». Dernière réplique pour laquelle Selznick a dû payer 5 000 dollars au code Hays pour la faire autoriser et qui a été désignée, en 2005, comme la meilleure réplique de l’histoire du cinéma par l’American Film Institute.

Côté réalisation, c’est fluide, rare sont les longueurs. Sur le plan de l’image, le long-métrage est magnifique : un travail soigné a été fait sur le contre-jour, les couleurs et les effets spéciaux.

Un gros point fort de Gone with the wind, je dirai même le plus gros point fort du film, est son interprétation. Vivien Leigh, actrice d’origine anglaise, à un jeu criant de justesse. Espiègle, capricieuse, irritante mais aussi attachante, elle transpose parfaitement la force de son personnage, son amour pour sa terre, cette terre rouge, bouillonnante de son sang irlandais, qui ne devient plus que sa seule raison de vivre. Son regard est pénétrant et sublime, à la fois beau et terrible, à la fois séduisant et dangereux. De son éminent charisme, Clark Gable impose lui un Rhett Butler plus vrai que nature, un Rhett Butler aux airs supérieurs qui perce la moindre pensée, la plus infime émotion ce qui a de quoi séduire et faire enrager à la fois. D’une indéniable classe, il est tout bonnement parfait ; débordant de cynisme et d’arrogance. Il sait aussi se montrer particulièrement touchant lors du décès de Bonnie. Quoi qu’il en soit, l’alchimie entre Vivien Leigh et Clark Gable est unique et fonctionne. De son côté, Olivia de Havilland campe magnifiquement bien la douce Mélanie et Hattie McDaniel est en accord parfait avec son rôle.

D’autre part, bien que le film regorge de scènes mémorables telles l’impressionnant incendie d’Atlanta, le retour de l’héroïne dans un Tara anéanti, Scarlett se dressant contre tous les carcans de sa société, cette société sclérosée et inégalitaire ou Rhett quittant Scarlett ; pour ma part, si je ne devais retenir qu’un seul et unique passage, je penserai au premier baiser échangé entre les deux protagonistes. Sur un fond rougeoyant, Rhett déclare sa flamme « In spite of you and me and the whole silly world going to pieces around us, I love you », non sans une pointe de légèreté envers lui-même « And if a bullet gets me, so help me, I'll laugh at myself for being an idiot ». Il s’agit d’une scène pivot entre la guerre et l’après guerre ; à cet instant précis du film, le spectateur vient de quitter l’incendie d’Atlanta, il va bientôt être confronté aux cendres et l’effondrement du Sud. Selon moi, ce passage est également important parce qu’il véhicule les grands thèmes présents dans le film, à savoir : l’amour, la guerre, le caractère passionné des personnages.

Jusqu’à aujourd’hui, aucun cinéaste ne s’est hasardé à faire un remake de ce classique, l’interprétation étant reconnue parfaite par beaucoup. En outre, niveau réalisation, un film actuel dénaturerait cette sorte de mythe créé autour du film originel. Toutefois, un téléfilm intitulé « Scarlett », avec pour vedette Timothy Dalton dans le rôle de Rhett Butler et Joanne Whalley dans celui de Scarlett O’Hara, a vu le jour en 1994 et se présente comme la suite de Gone with the wind. Personnellement, je n’ai pas vu cette suite.

En guise de conclusion, je terminerais en disant que Gone with the wind, gigantesque fresque épique, est incontestablement un chef-d'oeuvre du septième art, un chef d’œuvre du lyrisme également. Centré sur l’un des couples les plus célèbres de la littérature, sacralisé par une pluie d’Oscars, ce film pousse à la réflexion : que ferions-nous si nous devions protéger un jour notre famille, nos amis et notre terre ? C'est également un hommage aux femmes, à travers le portrait de Scarlett, et à la liberté, avec l'évocation de la fin de l'esclavage... Gone with the wind a déjà bercé plusieurs générations de cinéphiles, son succès ne s’est jamais démenti. Il est reconnu par l’American Film Institute comme le quatrième meilleur film de tous les temps.


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Commentaires
C
ton article me donne envie de le revoir!
miss scarlett
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